Dans certains cas, le joueur aura déjà un comportement (ou une habitude) qui doit être changé(e). Dans d’autres cas, la compétence proposée sera entièrement nouvelle.

L’efficacité du feedback dépend étroitement de son aspect temps réel.

Le but du processus d’apprentissage est l’acquisition ou le perfectionnement d’un comportement (par exemple, les la technique de tir). En conséquence, le feedback doit être proposé dès que le joueur a terminé sa tentative.

Si le joueur fait preuve du comportement correct, deux solutions sont possibles : le récompenser (il peut s’agir d’un simple « Bien joué ! ») ou lui éviter une pénalité (par exemple, ne pas avoir à faire un sprint comme les joueurs qui n’ont pas reproduit le comportement requis). Dans les deux cas, le comportement du joueur sera renforcé et il sera enclin à le répéter.

Si le feedback est fourni immédiatement après la tentative, l’athlète l’associera à un bon souvenir de son action et il sera enclin à la répéter par la suite. Plus le délai est important entre la tentative d’exécution de compétence de l’athlète et le feedback de l’entraîneur, moins le souvenir de cette action sera ancré dans le cerveau du joueur.

Récompenses et pénalités

Un système de récompenses et de pénalités peut être efficace pour modifier les comportements. Par exemple, l’entraîneur peut féliciter un joueur (une récompense) ou désigner le joueur qui devra ramasser les balles à la fin de l’entraînement (une pénalité).

Retirer une pénalité (p. ex., ne pas avoir à faire un sprint comme les autres joueurs) est également une récompense, mais il s’agit d’un renforcement négatif qui n’est généralement pas aussi efficace que la récompense proprement dite, dans la mesure où le joueur ne peut pas l’apprécier de la même manière qu’une véritable récompense.

Les récompenses et les pénalités peuvent être utilisées pour susciter ou renforcer un certain comportement, mais elles peuvent également être utilisées dans le but d’éliminer un certain type de comportement. Lorsque le joueur produit un comportement non désiré (p. ex., protester à l’arbitre), une pénalité doit s’appliquer (p. ex., quitter le terrain et être remplacé) ou une récompense devrait être retirée pour que le comportement soit moins enclins à se manifester à l’avenir.

Dans les deux cas, les récompenses et les pénalités doivent être appliquées uniquement en fonction du comportement des athlètes mais jamais de leurs résultats sur lesquels ils ne peuvent pas toujours avoir un contrôle total. Voici ci-dessous quelques exemples d’utilisation efficace des récompenses/pénalités :

  • Dans un 3 contre 3, un joueur de 13 ans prend une décision que l’entraîneur estime correcte ; l’entraîneur le félicite immédiatement (récompense) ;
  • Les joueurs d’une équipe junior (17 et 18 ans) répètent un exercice de défense très intense et ils commencent à être fatigués. L’un des joueurs effectue une aide défensive que le coach souhaiterait développer. En récompense, le coach permet à ce joueur de se reposer pendant quelques minutes. Dans ce cas, l’entraîneur retire une forme de pénalité (continuer cet exercice intense pendant plusieurs minutes alors que les joueurs sont fatigués) ;
  • L’entraîneur demande à un joueur de 17 ans de défendre sans commettre de faute. Après lui avoir montré la technique requise, l’entraîneur met en place un exercice dans le cadre duquel le joueur marque un point chaque fois qu’il commet une faute. À la fin de l’entraînement, le joueur devra rester sur le terrain et répéter un exercice de défense de trois minutes pour chaque point accumulé. En parallèle, chaque fois que le joueur défend sans faire de faute, l’entraîneur lui crie « Bien joué ! » pour renforcer le comportement défensif correct. Ceci est particulièrement important si l‘attaquant a quand même réussi à marquer. L’entraîneur peut également envisager de déduire un point chaque fois que la défense a été réalisée correctement (qu’un panier soit marqué ou non) ;
  • L’entraîneur d’une équipe de 15 et 16 ans organise un 3 contre 3 sur la moitié de terrain. Il leur demande de ne pas utiliser leur main droite chaque fois qu’ils peuvent utiliser leur main gauche. Chaque fois qu’un joueur utilise la main droite alors qu’il ne devrait pas, son équipe perd la balle.

Comme l’indiquent ces exemples, les récompenses sont utilisées pour renforcer les comportements requis et les pénalités pour éliminer les comportements indésirables.

En outre, lorsqu’une pénalité est appliquée, il est fondamental de renforcer l’autre comportement requis à la place du comportement indésirable. Dans les exemples précédents, la défense sans faute ou l’utilisation de la main gauche.

Exemple d’utilisation moins efficace des récompenses/pénalités :

  • Sur la dernière possession d’un match serré, l’équipe adverse a profité d’un rebond offensif pour marquer et remporter le match au buzzer. Aucun joueur n’a essayé de verrouiller au rebond le joueur qui a exécuté le rebond offensif. Dès l’entraînement suivant, l’entraîneur demande à tous les joueurs de faire une série de sprints comme pénalité pour ne pas avoir essayé de verrouiller le joueur adverse au rebond ;
  • Un exemple semblable à l’exemple précédent, une équipe a gagné le match en exécutant un rebond offensif sans opposition et en marquant sur la dernière action de jeu. L’équipe défensive appliquait une défense de zone et le joueur qui a pris le rebond offensif était en situation de surcharge (c.-à-d. présence de plusieurs joueurs offensifs dans la zone qu’il défendait).

Dans ces exemples, les pénalités risquent d’être moins efficaces car certains joueurs peuvent estimer injuste d’être pénalisés alors qu’ils ont adopté le comportement correct et qu’ils considèrent que la pénalité devrait être appliquée uniquement aux joueurs qui n’ont pas posé l’écran de retard.

Dans le deuxième exemple, les joueurs peuvent estimer que la situation avait échappé à leur contrôle. Le défenseur en surcharge aurait pu verrouiller un joueur au rebond, mais pas deux. On voit donc que les entraîneurs doivent être vigilants dans l’application de récompenses et de pénalités aux actions qui peuvent être contrôlées par les joueurs.

Par ailleurs, si la pénalité est appliquée lors de l’entraînement (qui peut avoir lieu quelques jours plus tard), les joueurs n’auront pas un souvenir aussi fort de ce qu’il s’est passé. Pour compenser cela, l’entraîneur peut utiliser des vidéos pour montrer aux joueurs les erreurs.

Il est préférable d’utiliser des récompenses pour renforcer les comportements requis plutôt que des pénalités visant à éliminer les comportements indésirables, en particulier avec les jeunes joueurs. De nombreux entraîneurs encouragent également les coéquipiers à se récompenser, par exemple en reconnaissant la bonne passe d’un coéquipier.

Comment utiliser les récompenses

Un renforcement fréquent (à travers les récompenses) peut aider les joueurs à se sentir appréciés pour leur qualité et leur application, ce qui augmente leur motivation et les aide à apprendre et à reproduire les comportements requis. Il est donc très important pour les entraîneurs d’utiliser fréquemment le renforcement.

Il existe deux types de récompenses (ou de motivations) :

  • Les motivations sociales sont le respect, la reconnaissance, l’approbation et l’attention de l’entraîneur. Par exemple, l’entraîneur apprécie l’effort fait par un joueur pour récupérer la balle : « Bien joué ! », « Joli coup ! » ;

Les motivations matérielles sont des récompenses physiques qui doivent avoir de l’importance aux yeux des joueurs. Par exemple, des plages de repos, être exempté d’un exercice difficile ou ennuyeux, être autorisé à choisir ses exercices, remporter une coupe, etc.

Les motivations ne doivent pas être appliquées arbitrairement, mais en conséquence du comportement des joueurs. En fait, la clé du renforcement réside dans le faite que les joueurs réalisent qu’ils obtiennent quelque chose à cause de ce qu’ils ont fait, ce qui les incitera par la suite à reproduire ce comportement.

Cet effet des récompenses est directement lié à la sensation de contrôle que les joueurs ont ressentis dans le cadre de la situation. Par exemple, si un joueur laisse échapper maladroitement la balle mais que celui-ci parvient à un coéquipier, il est possible que l’entraîneur (qui n’a pas vu la prise de balle maladroite) félicite ce joueur pour la qualité de sa passe ; de son côté, ce joueur sera sans doute mal à l’aise devant ce compliment.

Pendant les séances d’entraînement, le renforcement social est également très précieux pour les raisons suivantes :

  • Il renseigne le joueur sur son comportement (feedback) ;
  • Il est très gratifiant, parce que le joueur apprécie cette reconnaissance de la part de l’entraîneur ;
  • Il contribue à la création d’une ambiance positive dans l’environnement d’entraînement.

L’entraîneur ne doit pas interrompre sans cesse les joueurs pour une récompense ou pour les féliciter de leur comportement. Par contre, l’entraîneur peut attribuer des points pendant les exercices pour les comportements particuliers qu’il souhaite renforcer, puis attribuer des récompenses en fonction de ces points à la fin de l’entraînement. Bien entendu, cette approche sera plus efficace si elle est présentée au début de l’exercice.

Par exemple : l’entraîneur demande à son équipe de 15 et 16 ans de passer la balle plus souvent à l’intérieur à partir de certaines positions. L’exercice repose sur un 4 contre 4 sur une moitié du terrain. Les règles de l’exercice sont que chaque fois qu’un joueur réussit à passer la balle à l’intérieur à partir d’une des positions spécifiées, son équipe obtient un point. À la fin de l’exercice, qui dure environ dix minutes, l’équipe qui a obtenu au moins sept points a droit à une pause de cinq minutes.

Pour réussir, les points doivent être notés immédiatement, ce que l’entraîneur peut faire en disant « Point ! ». Cette technique fonctionne à condition de prendre en compte les aspects suivants :

  • La récompense doit être intéressante. Par exemple, proposer aux joueurs de se reposer pendant une séance d’entraînement intense ou organiser un petit match pour lequel ils peuvent choisir leurs coéquipiers ;
  • Pour améliorer l’efficacité de cette stratégie, l’entraîneur doit tenir compte de l’âge des joueurs et de la connaissance qu’il a de chaque joueur. En général, un stimulus rare sera plus intéressant qu’un stimulus fréquent. Par exemple, il sera plus intéressant pour les joueurs de participer à un match sans règles et pour lequel ils peuvent choisir leurs coéquipiers si cette double possibilité ne leur est pas souvent proposée ;
  • Le nombre total de points nécessaires pour obtenir la récompense finale doit être réalisable dans le délai impartis et dans les conditions de l’exercice ;
  • Les comportements requis et les règles à respecter pour obtenir des points doivent être exposés très clairement.

Dans cet exemple, l’attribution de points peut se faire dans le contexte global de l’exercice. Par exemple, les équipes peuvent également chercher à marquer des paniers. Très souvent, à la fin de l’exercice, l’entraîneur pourra constater que l’équipe qui a obtenu le plus de points (pour leurs passes à l’intérieur) a également marqué le plus de paniers !

Plus important encore, la récompense ne dépend pas du résultat global. En effet, il est possible que la passe vers l’intérieur soit réussie mais que le tir soit raté. Pendant le match, cette action est enregistrée simplement comme tir manqué. L’entraîneur ne comptabilise pas les passes décisives ni les points, et les joueurs risquent d’être démotivés par cette répétition de comportement stérile.

Les entraîneurs peuvent également utiliser ce système de points pendant un match réel en demandant à un de leurs entraîneur adjoints d’assurer le suivi de ces points, puis en s’appuyant sur ces points pour proposer leur feedback aux joueurs pendant les temps morts.

Comment utiliser les pénalités

Un entraîneur qui travaille avec de jeunes joueurs devrait s’appuyer essentiellement sur la récompense, mais la pénalité peut également s’avérer éducative, à condition qu’elle respecte les critères suivants :

  • Elle est proportionnelle à la valeur de l’action considérée et elle essentiellement symbolique ;
  • Elle précise aussi clairement que possible le comportement associé à cette pénalité et la ou les raisons pour lesquelles elle est appliquée (plutôt que de subir les décisions arbitraires de l’entraîneur) ;
  • Elle augmente l’intérêt des joueurs pour des objectifs difficiles mais réalisables et qui leur permettront d’éviter la pénalité ;
  • Ne pas oublier que le renforcement doit être appliqué en vue de provoquer un changement de comportement.

Par exemple : avant de proposer un match en 3 contre 3, l’entraîneur établit les règles suivantes. Chaque fois qu’un joueur dribble avec sa mauvaise main, il marque un point négatif et, à la fin du match, l’équipe comptabilisant le plus de points devra remplir les bouteilles d’eau de l’équipe adverse.

Autre pénalité possible : chaque fois qu’un joueur dribble avec sa mauvaise main, une faute est déclarée et la balle est rendue à l’équipe adverse. Toutefois, cette variante peut présenter l’inconvénient d’un jeu haché avec de nombreuses interruptions et remises en jeu.

Par conséquent, il est sans doute préférable de comptabiliser les points de pénalité pour permettre un exercice plus proche d’un match, tout en rappelant aux joueurs les comportements requis.

Même si la pénalité est symbolique, elle peut accroître la motivation des joueurs et les aider à se concentrer sur l’objectif de l’exercice : ne pas dribbler avec la mauvaise main. L’entraîneur peut également faire appel au renforcement social en disant « Bien joué ! » chaque fois qu’un joueur utilise la main correcte.

Le plus important est que les pénalités n’ont pas pour but de démontrer la sévérité ou l’intransigeance de l’entraîneur. Comme c’est le cas pour la récompense, la pénalité doit être conçue pour amener les joueurs à éviter cette pénalité en exécutant le comportement demandé.

Ainsi,  la pénalité peut avoir une influence positive en amenant les joueurs à réfléchir à ce qu’ils doivent faire pour l’éviter. Les entraîneurs doivent toujours s’efforcer de décrire les exercices dans un langage positif et orienté vers l’action, par exemple « Voilà ce que vous devez faire » plutôt que « Ne faites pas ça ».