Développement cognitif

Les joueurs de basketball doivent être attentifs et se concentrer sur un grand nombre de stimuli différents : le comportement des adversaires, se souvenir et appliquer les règles de jeu de l’équipe en fonction des différentes situations ou être conscient du temps restant sur l’horloge.

Certains stimuli sont liés à des choses très simples, mais les joueurs doivent souvent se concentrer sur plusieurs stimuli à la fois, avec plus ou moins d’intensité et pour un temps plus ou moins long.

Le basketball peut aider les joueurs à développer leurs compétences de sélection et de traitement des informations externes. Parmi tous les stimuli auxquels ils sont soumis, les joueurs doivent sélectionner uniquement ceux qui sont pertinents pour le jeu et qui peuvent être associés à ce qu’ils ont déjà mémorisés. Compte tenu de la nature fluide du jeu, ils doivent apprendre à traiter ces informations et à prendre ensuite des décisions rapides.

Une grande partie des stimuli reçus par un joueur sont sans intérêt pour le match : bruit de la foule, lumières, bannières publicitaires (et plus particulièrement les bannières mobiles ou animées), voire ce qui se passe sur un terrain adjacent.

Par contre, certains autres stimuli peuvent être pertinents (p. ex., les propos de l’entraîneur adverse pendant le jeu ou pendant un temps mort), mais il peut être plus difficile pour le joueur de déterminer s’il doit en tenir compte ou les ignorer.

Ces processus cognitifs (sélection, association et mémorisation des informations, puis utilisation de certaines de ces informations et prises de décision) peuvent être améliorés lors de l’entraînement, à condition de tenir compte des capacités respectives de chaque joueur.

Exemple : si l’entraîneur d’une équipe de mini-basket met en place un exercice qui exige des joueurs une grande quantité d’attention (plusieurs stimuli en même temps), cela risque d’entraîner une surcharge d’information chez certains joueurs. Cette surcharge va compliquer l’exécution des processus cognitifs, et en particulier affecter négativement leur processus décisionnel.

Le terme « stimuli » recouvre un grand nombre d’aspects très différents. Par exemple, la  logistique d’un exercice (destination de la passe, déplacements des joueurs, interception, etc.) et les règles d’un exercice sont des stimuli, surtout si cet exercice vient d’être introduit.

Les marques du terrain peuvent également être des stimuli, surtout si elles sont nombreuses, et les joueurs doivent identifier celles qui sont pertinentes pour eux ou pour leur équipe. Comme c’est le cas avec l’apprentissage d’un nouvel exercice, une fois que les joueurs connaissent les marques du terrain, celles-ci s’apparentent beaucoup moins à un stimulus parce qu’ils n’ont plus besoin de s’en préoccuper.

Autre exemple : si l’entraîneur d’une équipe de filles de 13 et 14 ans décide de présenter à ses joueuses plusieurs concepts nouveaux à la fois, ces concepts ne pourront sans doute pas être assimilés et mémorisés correctement. Autrement dit, l’objectif d’apprentissage ne sera pas atteint, et les efforts cognitifs déployés par les joueuses ne seront pas efficaces.

De la même façon, si les stimuli proposés par un entraîneur ne sont pas adaptés à de jeunes joueurs, les processus cognitifs appropriés de ces jeunes joueurs ne seront pas stimulés adéquatement.

Par exemple, les entraînements monotones avec des exercices sans grand intérêt ou les contenus trop simples qui ne permettent pas aux joueurs de contribuer en prenant des initiatives ne permettent pas d’améliorer le développement cognitif des enfants et des adolescents.

Cette situation peut présenter un véritable défi pour l’entraîneur dont les joueurs présentent des capacités variables : certains joueurs trouveront que tel ou tel exercice est trop difficile, alors que d’autres le trouveront trop facile.

Pour répondre à cette situation, les entraîneurs peuvent donner des instructions différentes à différents joueurs. Par exemple : l’entraîneur demande aux joueurs de pratiquer leur dribble. Pour les joueurs les moins expérimentés, ce sera sans doute la seule instruction ; pour les joueurs plus expérimentés, l’entraîneur peut leur demander de dribbler avec leur main faible ou de dribbler avec deux balles.

Avec l’entraînement, les joueurs apprennent à hiérarchiser les différents stimuli qu’ils reçoivent, généralement en fonction de l’impact que tel ou tel stimulus aura sur leurs performances. Certains stimuli s’imposent automatiquement en haut de l’échelle, et la voix de l’entraîneur est l’un de ces stimuli.

Malheureusement, la voix des parents représentera le stimulus le plus dominant, certains joueurs n’entendant que ça. Les entraîneurs doivent donc définir des règles claires et les communiquer aux parents des joueurs de ses équipes, en leur demandant de se limiter à des commentaires génériques ou constructifs (p. ex., « Bien joué ! », « Bonne anticipation ! »).

Les quatre styles d’apprentissage

Confucius aurait dit ceci : « Ce que j’entends, je l’oublie. Ce que je vois, je m’en souviens. Ce que je fais, je comprends », ce qui suggère qu’il était probablement un apprenant kinesthésique, et il aurait été bon en sport !

Il est généralement admis qu’il existe quatre styles d’apprentissage et que chaque individu a une préférence quant au mode de réception et de traitement des informations. Cette préférence a des répercussions immédiates dans une salle de classe ou dans une séance d’entraînement car elle conditionne la capacité de chaque élève ou de chaque joueur à comprendre, assimiler, mémoriser et traiter les instructions du professeur ou de l’entraîneur.

Visuel

Les apprenants visuels préfèrent apprendre à travers des éléments graphiques, des formes, des structures ou en regardant.

Auditif

Les apprenants auditifs souhaitent des orientations utiles. Ils s’appuient sur les sons et les rythmes pour associer des structures animées à des orientations sonores ou verbales.

Lecture/Écriture

Les apprenants par lecture ou écriture préfèrent les descriptions et les instructions sous forme écrite.

Kinesthésique

Les apprenants kinesthésiques ont besoin de ressentir dans leurs corps et avec leurs sens les détails d’un certain mouvement, et ils préfèrent un environnement dynamique.

Le choix du style d’apprentissage privilégié n’est pas conscient ni délibéré : il fait partie de la personnalité innée de chaque individu. Quel que soit le mode de présentation des informations, tout le monde peut apprendre, mais une personne apprendra plus vite et plus efficacement si ces informations sont présentées dans son style privilégié.

Il est important que les entraîneurs comprennent quel est leur style d’apprentissage privilégié ! En effet, la plupart des entraîneurs ont tendance à présenter les informations aux athlètes en suivant leur propre style d’apprentissage privilégié ou selon le style dans lequel ces informations leur ont été présentées quand ils étaient plus jeunes. À la fin de ce chapitre, un test simple peut vous donner une indication de votre propre style d’apprentissage.

Quel est le style d’apprentissage de vos athlètes ?

Certaines recherches suggèrent qu’alors que 5 % de la population globale se reconnaît comme apprenants kinesthésiques, 18 % des athlètes s’identifient comme apprenants kinesthésiques.¹ Il est certain qu’il existe une corrélation

¹ Jones, DC (2010), Hey Coach, One Teaching

Style Does Not Fit All, World Swimming Coaches Association, Vol 10, n° 4:4-6.

entre le style d’apprentissage kinesthésique et

l’aptitude générale au sport (ou plus simplement que ce style d’apprentissage est plus adapté au sport qu’à l’apprentissage scolaire traditionnel). En effet, la nature physique du sport et de l’apprentissage sur le terrain par le biais de différents exercices conviennent parfaitement au style d’apprentissage kinesthésique.

Le style d’apprentissage privilégié d’un athlète peut être déterminé par l’observation. Par exemples :

  • Les athlètes qui préfèrent rester assis et observer l’introduction d’un nouvel exercice avant d’aller l’appliquer sur le terrain sont sans doute des apprenants visuels ;
  • Les athlètes qui demandent la copie du recueil de stratégies sont sans doute des apprenants par lecture/écriture ;
  • Un athlète qui s’adresse à l’entraîneur en disant « Montrez-moi ! » ou « Je vois... » est sans doute un apprenant visuel ;
  • Un athlète qui s’exclame « Je ne sens pas ce mouvement » est sans doute un apprenant kinesthésique ;
  • Les athlètes qui posent beaucoup de questions sont généralement des apprenants auditifs.

Il est très probable que l’entraîneur sera confronté à différents styles d’apprentissage privilégié, y compris le sien ! C’est encore plus fréquent avec les équipes juniors.

Comment faire pour tenir compte des différents styles d’apprentissage ?

Pour tenir compte des différents styles d’apprentissage de leurs athlètes, les entraîneurs disposent de plusieurs solutions :

  • Si vous constatez que certains athlètes ont tendance se mettre en retrait et à observer la présentation d’un exercice avant d’aller l’appliquer sur le terrain (sans doute des apprenants visuels), il est conseillé de ne pas mettre ces athlètes en première ligne ni de les désigner pour démontrer un nouvel exercice. Laissez-les observer avant de les solliciter ;
  • Ayez à disposition un tableau blanc sur le terrain. Cet accessoire permet aux entraîneurs comme aux joueurs de dessiner ou de décrire certains exercices, et il sera une aide précieuse pour les apprenants par lecture/écriture et les apprenants visuels.
  • Avant chaque entraînement, distribuez le plan de la séance d’entraînement à votre équipe ;
  • À la fin des séances d’entraînement, distribuez aux joueurs la liste des concepts, des mots clés et des points d’apprentissage ;
  • Préparez un petit recueil de stratégies qui reprend les principaux concepts et points d’apprentissage ;
  • Regardez un match avec votre équipe, puis demandez-leur comment les règles de votre équipe pourraient s’appliquer aux situations constatées pendant ce match ;
  • Faites filmer un de vos matchs ou une de vos séances d’entraînement, puis visionnez la vidéo avec votre équipe et discutez des principaux concepts et points d’apprentissage ;
  • Coaching dynamique : efforcez-vous d’interrompre le moins possible l’entraînement pour permettre aux athlètes d’exécuter et de pratiquer les compétences physiques.

Identifier l’éventuel décrochage avec le style d’apprentissage d’un athlète

L’écoute (ou l’absence d’écoute) et le comportement général des joueurs est le meilleur indicateur de leur engagement vis-à-vis de l’enseignement dispensé par l’entraîneur.

Par exemple, si l’entraîneur donne une très longue explication sur un concept d’équipe, les apprenants auditifs vont sans doute maintenir leur attention, mais les autres types d’apprenants (visuels, par lecture/écriture et kinesthésiques) risquent de perdre leur concentration. Ce n’est pas de l’indiscipline, c’est tout simplement parce que ces trois catégories d’apprenants ont plus de mal à être engagées par ce type de présentation des informations.

Si l’entraîneur accompagne sa longue explication verbale par des schémas sur tableau blanc, il devrait améliorer l’engagement des apprenants visuels. S’il écrit des points d’apprentissage et des mots clés importants sur le tableau blanc, cela pourra aider à maintenir l’attention et l’engagement des apprenants par lecture/écriture. L’entraîneur peut également faciliter l’apprentissage de ces derniers en leur distribuant des informations écrites, ou en leur donnant la possibilité de rédiger leurs propres notes.

Les apprenants kinesthésiques ont un seul impératif : se précipiter sur le terrain et mettre en pratique. Si l’entraîneur demande aux apprenants kinesthésiques de faire la démonstration de l’exercice pendant qu’il poursuit sa longue explication verbale, il pourra renforcer leur engagement par l’action.

L’engagement de tous les athlètes sera renforcé si la présentation des informations par l’entraîneur est faite en termes positifs et orientée vers l’action. Par exemple, un entraîneur peut repérer un adversaire et indiquer à son équipe comment il souhaiterait qu’elle procède pour contrer ce que l’adversaire est susceptible de faire.

L’entraîneur doit inculquer à ses athlètes les principes de jeu que l’équipe devra appliquer. Toutefois, il n’est pas nécessaire que l’entraîneur donne une longue explication des raisons pour lesquelles ces principes doivent être appliqués. Des informations détaillées sur les actions possibles de l’adversaire peuvent être données après que les joueurs se sont familiarisés avec l’action spécifique que l’entraîneur leur demande d’exécuter.

Par exemple, un adversaire peut utiliser souvent les écrans directs, puis demander au poseur d’écran de pivoter et d’aller au panier lorsque l’écran est effectué sur un côté du terrain. L’entraîneur n’a pas à donner cette information aux joueurs.

Il lui suffit de décrire la défense que l’équipe doit mettre en place lorsqu’un écran de ce type leur est opposé. L’entraîneur ayant constaté que l’adversaire utilisait souvent les écrans, il peut présenter cette particularité avant le match comme un des trois éléments clés à surveiller. Avec un adversaire différent (qui n’utilise pas autant les écrans), l’entraîneur aura un discours différent.

Comment déterminer le style d’apprentissage d’un joueur ?

Pour obtenir une indication du style d’apprentissage de vos joueurs, il suffit généralement de leur montrer la vidéo d’un joueur qui exécute une compétence. Visionner la vidéo d’un joueur professionnel mettant en œuvre une action est très efficace, et vous trouverez facilement d’innombrables contenus sur des sites tels que YouTube.

Montrez cette vidéo aux joueurs, puis demandez-leur d’aller sur le terrain et d’essayer de reproduire cette action lorsqu’ils sont prêts. Notez que cette méthode fonctionne mieux si l’action est un peu complexe (p. ex., plusieurs mouvements de dribble) ou inhabituelle. Laissez les joueurs visionner la vidéo autant de fois qu’ils le souhaitent.

Généralement, vous constaterez les réactions suivantes chez vos joueurs :

  • Certains joueurs ne regardent pas très attentivement la vidéo (par rapport à leurs coéquipiers) et vont sur le terrain pour essayer de reproduire le mouvement – ces athlètes sont sans doute des apprenants kinesthésiques ;
  • Certains joueurs regardent la vidéo plus longuement, ou retournent regarder la vidéo après avoir essayé d’exécuter le mouvement – ces athlètes sont sans doute des apprenants visuels ;
  • Certains joueurs posent des questions (à l’entraîneur ou à leurs coéquipiers) ou discutent avec leurs coéquipiers – ces athlètes sont sans doute des apprenants auditifs.
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(English) Jones, DC (2010), Hey Coach, One Teaching Style Does Not Fit All, World Swimming Coaches Association, Vol 10, no 4:4-6