Vous trouverez la liste des ouvrages de référence pour la section 2.2 Pédagogie aux pages 44 à 51, à la fin de cette section.

Acquisition des compétences

Avant d’utiliser ou de s’appuyer sur les informations offertes dans ce chapitre, il est recommandé de demander l’avis d’une personne dûment qualifiée. Vous trouverez dans ce chapitre des informations générales nullement spécifiques à un individu ou à une équipe.

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Principes clés de l’acquisition des compétences

Dans un sport au caractère aussi dynamique et palpitant que le basketball, les compétiteurs doivent être dotés de compétences très variées. Cette section fournit une vue d’ensemble de certains des principes clés de l’art de l’acquisition des compétences, qui peut être utilisée pour guider la mise en pratique et l’élaboration des séances d’entraînement afin de faciliter l’apprentissage des compétences et les performances.

Il est important de souligner que le contenu de cette section peut nécessiter un certain niveau de compétences et d’expertise et qu’il peut ne pas convenir à tous. Il se peut que le contenu ait besoin d’être adapté et/ou modifié en fonction des besoins des différents individus et des différentes équipes.

Étapes de l’acquisition des compétences

Un individu traverse plusieurs étapes lorsque son niveau de compétence augmente.1 Ci-dessous, un résumé explicatif de certains des composants majeurs inclus dans le modèle d’apprentissage moteur de Newell2 (voir également3,4).

Première étape : la coordination

Durant la première étape de l’acquisition des compétences, le débutant va typiquement essayer d’explorer une variété de méthodes différentes afin d’atteindre un but précis.2-4 Par conséquent, cette étape est souvent caractérisée par des changements fréquents d’un schéma à un autre.2-6

Par exemple, un débutant qui tire au panier pour la première fois peut avoir tendance à lancer ses tirs du niveau de la taille avant de soudainement changer et tenter un tir au-dessus de la tête s’il est face à un défenseur (voir3,7,8).

Ce processus d’exploration est considéré comme essentiel pour permettre la formation d’un schéma de mouvement adapté à la personne.3,9 C’est-à-dire que les expériences précédentes du débutant et ses capacités de mouvement actuelles auront tendance à influencer la façon dont ce schéma est formé.3,10

Le rôle de l’entraîneur est donc important car il aidera à former l’environnement d’apprentissage de façon à ce que le débutant puisse découvrir (en toute sécurité) une vaste palette de situations9,11 (voir aussi la partie de ce chapitre qui traite de la découverte et de l’auto-organisation) plutôt que de restreindre le processus de recherche à l’enseignement d’une technique préconçue ou idéalisée qui suppose que tous les joueurs sont semblables.7,12

L’utilisation d’instructions techniques normatives peut restreindre le processus de recherche et encourager le débutant à ne découvrir qu’un sous-ensemble réduit de schémas de mouvement possibles.7,12

Deuxième étape : la maîtrise

Lors de la deuxième étape de l’apprentissage des compétences, l’individu a déjà acquis les schémas de mouvement fondamentaux : il commence alors à apprendre à ajuster ces schémas pour qu’ils conviennent mieux aux changements se produisant au sein de l’environnement.2,4 Les joueurs essaient essentiellement d’adapter leurs mouvements aux multiples situations susceptibles de se présenter lors de situations de match différentes et pendant les entraînements.3

Par exemple, lors de la phase de contrôle, les joueurs de basketball apprendront à s’adapter à la vitesse et à la puissance d’une passe avec succès, afin que la balle soit ensuite donné à des coéquipiers placés à divers endroits du terrain.2,4 Les joueurs apprendront également à reconnaitre certains signaux autour d’eux, notamment la proximité d’un défenseur, ce qui leur permettra d’ajuster leurs mouvements en conséquence.2,13,14 

C’est pourquoi il est essentiel d’utiliser des exercices d’entraînement similaires à ce qui est exigé en compétition : les joueurs apprennent ainsi à identifier et à comprendre les sources d’information clés présentes dans un environnement de compétition typique.11,15,16

L’étape ultime : les compétences

Les compétences  des experts sont souvent décrites comme étant éco-énergétiques, grandement constantes et extrêmement adaptables.2-4,17 Dans l’environnement dynamique du basketball, l’adaptabilité est certainement une qualité particulièrement importante puisqu’elle permet aux joueurs de s’acclimater aux différentes situations de match.4,10,16,18

Par exemple, un joueur de basketball qui arrive à maintenir son taux de tirs réussis quelle que soit l’intensité du pressing défensif, sera probablement plus à même de faire face à la aux exigences de la plupart des matchs, notamment lors des compétitions de très haut niveau.7,10

La recherche met l’accent sur les nombreuses autres qualités qui donnent un avantage distinct aux joueurs expérimentés sur leurs homologues qui le sont moins (p. ex. voir19). A titre d’exemple, l’utilisation d’informations « visuo-perceptives » (c.-à-d., des informations que le joueur voit) peut être une qualité essentielle permettant à un joueur expérimenté d’anticiper le jeu.20-24

En reconnaissant des signes primordiaux tels la position de certains coéquipiers ou la position des pieds du défenseur direct, le joueur expérimenté sera capable de définir avec précision le meilleur plan d’action possible.14,25,26 Bon nombre de ces signes sont subtils27 et il est probable que seule une exposition constante à ces signes permettra au joueur de comprendre pleinement leur signification.28 Ces éléments soulignent l’importance de l’utilisation d’exercices d’entraînement appropriés : ils doivent être l’occasion pour les joueurs de découvrir les différentes conditions auxquelles ils feront face lors d’un match.16,29

Une autre qualité majeure de la performance d’un expert est liée à l’usage de ce que l’on appelle communément les « probabilités situationnelles ».29 Si l’on se base sur les connaissances ultérieures d’une équipe ou d’un joueur en particulier, les sportifs expérimentés anticiperont mieux la probabilité de certaines actions de se produire30 (voir aussi29,31).

Cette connaissance est souvent acquise lors de précédents matchs contre certaines équipes ou après avoir joué contre un joueur en particulier.29 Ces probabilités situationnelles sont la base des réunions de repérage durant lesquelles sont transmises les informations concernant un futur adversaire ; les séquences vidéo sont souvent utilisées pour montrer des schémas de jeu spécifiques.29

Cependant, ces informations peuvent également être partagées lors de séances sur le terrain soigneusement conçues : les exercices d’entraînement sont élaborés de façon à ce que les joueurs prennent directement connaissance des scénarios probables lorsqu’ils rencontreront une équipe en particulier29 (voir aussi32). Atteindre une certaine expertise nécessite de nombreuses années et heures d’entraînement,33,34 aussi, l’utilisation judicieuse

d’exercices soigneusement élaborés aidera à optimiser les avantages acquis lors des séances d’entraînement de compétences.3,12,32

Élaborer des exercices appropriés pour améliorer les compétences

Nombreux sont les facteurs à prendre en considération lors de l’élaboration et la mise en pratique des séances d’entraînement de compétences. La partie qui suit a pour but d’apporter une approche philosophique sous-jacente à l’acquisition des compétences, pouvant favoriser la formulation d’un environnement d’entraînement adéquat. Par conséquent, plutôt que de fournir un large répertoire d’exercices à pratiquer, la section suivante vise à donner aux entraîneurs les outils nécessaires à la création et à la définition d’exercices qui leurs sont propres et spécifiquement adaptés aux besoins de leur équipe.

Exploration et auto-organisation

Comme il a été décrit précédemment, la première étape d’acquisition des compétences est souvent caractérisée par un processus d’exploration durant lequel les débutants essaient de découvrir de nombreux schémas de mouvement4 (voir aussi2). Bien que ce processus soit souvent associé aux débutants, une exploration peut bénéficier tous niveaux de compétences, notamment les professionnels qui jouent au plus haut niveau.3,4,16

C’est pourquoi il est essentiel de donner l’occasion aux joueurs d’explorer en toute sécurité une large gamme de variations de mouvement, leur permettant de trouver et de définir des schémas de mouvement qui leur conviennent le mieux ainsi que d’apprendre quand et comment ajuster ces schémas.4,7,10,11,16

La notion d’auto-organisation est une partie essentielle du processus d’exploration car elle suggère que les débutants sont largement responsables de trouver leurs propres solutions, sans être constamment aiguillés par une source extérieure telle qu’un entraîneur.3,35 Un exercice d’entraînement trop restreint ou excessivement contrôlé peut limiter le processus d’exploration et démotiver les joueurs à trouver des schémas de mouvement adaptés et idéals.4,12 

À l’inverse, un exercice totalement aléatoire et/ou trop peu structuré peut être risqué : les joueurs pourraient avoir besoin de beaucoup plus de temps pour trouver une solution qui leur convient.4 C’est pourquoi le rôle de l’entraîneur est essentiel : il doit élaborer des exercices appropriés et sécurisés qui guideront les joueurs vers des schémas de mouvements optimaux.4,16

Le rapport entre percevoir et agir (lien perception-action)

Le rapport entre percevoir et agir (dénommé « lien perception-action ») démontre que ce qu’une personne perçoit (par le biais de la vue, de l’ouïe, du toucher) aura une influence sur ce qu’elle fait, et ce qu’une personne fait influencera ce qu’elle perçoit.16,36

Par exemple, un joueur front

de basketball sur la ligne à 3 points, balle en main, utilisera des informations visuelles pour identifier une ligne de passe ouverte avant d’effectuer une passe.16,36 Dans ce cas, ce que la personne perçoit (une ligne de passer ouverte) a influencé la nature du mouvement (type de passe et sa destination).16,36 Autrement, si le joueur du périmètre dribble vers la ligne de fond, il peut visualiser une autre ligne de passe.16,36 Dans ce cas, le mouvement du joueur (dribbler vers la ligne de fond) a influencé le type d’information perçue (une autre ligne de passe).16,36

Les schémas de coordination exposés pendant des exercices qui diminuent ou suppriment le rapport entre percevoir et agir ont souvent tendance à différer de ceux qui se produisent lorsque ces mêmes exercices sont pratiqués dans leur forme naturelle37,38 (voir aussi39).

Par exemple, lorsque le défenseur est retiré d’un exercice de tirs, certains aspects de l’action du tireur se mettent à changer, notamment l’angle de relâchement du tir de la balle, en comparaison avec lorsque le défenseur est sur le terrain8 (voir aussi40).

De même, l’approche courante qui vise à décomposer une technique en plusieurs parties (comme apprendre à tirer au panier en s’exerçant à la phase de charge en l’absence des phases d’extension et de relâche) peut modifier de nombreuses caractéristiques du mouvement qui sont essentielles à la performance.15,16,41,42

Bien que dans certains cas ces changements peuvent être relativement légers, une modification, aussi minime soit-elle, du schéma de coordination lors des exercices pratiques peut influencer le degré de transfert de cette compétence à l’environnement de match.8,15,16,41

C’est pourquoi il est primordial que les entraîneurs mettent en place une stratégie qui maintienne les rapports essentiels entre la perception et l’action.43,44 L’utilisation du concept de « simplification des tâches » est une approche utile pour l’application de cette stratégie, tout en réduisant la complexité d’une tâche données et ainsi faciliter la performance des joueurs.3,16,43,45

Comme son nom l’indique, cette stratégie consiste à simplifier la compétence, simplifier l’environnement dans lequel la compétence est mise en œuvre, ou alors une combinaison des deux éléments.16,43

Les approches classiques de simplification des tâches consistent souvent à réduire le nombre de joueurs, à limiter le rôle de certains joueurs, ou à modifier la taille de l’espace de jeu.16,46 Par exemple, plutôt que de s’entrainer à tirer sans défenseurs pour bloquer, il peut être demandé aux joueurs de tirer face à un défenseur qui, en fonction du niveau du tireur, peut soit simplement se tenir devant lui avec une main levée en l’air, soit, pour les joueurs plus expérimentés, s’avancer vers le tireur au départ d’un point donné, afin de défendre le tir.8,16,47

Afin d’apprendre aux joueurs peu expérimentés à prendre des décisions offensives, on peut simplifier les matchs d’entraînement en incluant un plus grand nombre d’attaquants que de défenseurs, ce qui permettra aux joueurs de tester leurs aptitudes avec un pressing défensif moindre.16,48,49 En alternative, on peut limiter le mouvement de certains joueurs en créant une règle selon laquelle l’équipe défensive peut avoir seulement deux joueurs dans la raquette à tout moment.43,48,49

Le point essentiel est que, le cas échéant, les exercices d’entraînement doivent être conçus pour enseigner aux joueurs les rapports essentiels entre perception et action, plutôt que de décomposer  une compétence en plusieurs parties ou supprimer les sources d’informations importantes, comme les défenseurs.8,15,16,41,43 L’objectif ultime est de s’assurer que les compétences acquises lors des séances d’entraînement seront aisément transférées à une situation de match.15,16,50

Variabilité

Une des manières de promouvoir l’acquisition des compétences est d’avoir recours à l’augmentation des niveaux de variabilité lors de l’entraînement.7,51 Dans ce contexte, la variabilité peut simplement être le nombre de variations et de changements qui se produisent pendant un exercice donné ou dans un environnement d’entraînement52 (voir aussi51). Les exercices d’entraînement faibles en variabilité ont tendance à être très stables, extrêmement prévisibles et souvent de nature répétitive.52

Cela crée un environnement qui est non seulement considérablement différent de celui d’un match de basketball classique, mais qui provoquera certainement des situations dans lesquelles il y aura très peu d’élan pour que les joueurs explorent ou adaptent leurs compétences.18,53

Réciproquement, les exercices d’entraînement dont la variabilité est élevée ont tendance à être considérablement moins prévisibles et proposent des changements plus fréquents.52 Lors d’entraînement à variabilité élevée, les joueurs se doivent de continuellement ajuster leurs compétences afin de faire face aux changements constants.18

Des études ont montré que le phénomène de « variabilité fonctionnelle », qui fait référence à la capacité des joueurs extrêmement compétents à apporter des changements à un mouvement au fur et à mesure qu’il est exécuté, leur permet d’atteindre le résultat désiré avec plus de constance.16,54

Dans ce cas, la variabilité du mouvement-même permet au joueur

d’ajuster l’exécution de la compétence comme requis.54 En l’absence de variabilité fonctionnelle, il est probable que les joueurs aient plus de mal à s’adapter aux changements d’environnement, ce qui conduirait à des résultats inconstants.16,54,55 Cela sous-entend que les séances d’entraînement devraient être l’occasion pour les joueurs d’apprendre à adapter leurs mouvements afin de faire face aux légères modifications qui ont lieu dans le cadre d’une compétition.3,7,8,55

La variabilité peut être appliquée de nombreuses façons, mais les approches les plus fréquentes consistent en une variation de l’organisation des répétitions de la technique même ou en une variation de l’environnement dans lequel elle est utilisée.1,7,11,16

Par exemple, si le but d’un exercice donné est d’améliorer les aptitudes à tirer, dribbler et à passer, les trois peuvent être organisées de manière variable en les intervertissant fréquemment (un exemple de ce qui est couramment appelé « entraînement aléatoire »).1,56,57 Une autre approche consiste en une variation de l’environnement de performance.11

Par exemple, au lieu de simplement faire pratiquer au joueur des tirs en foulée sans défenseur devant lui, l’entraîneur peut choisir d’inclure un défenseur pour que les mouvements variables de ce dernier augmentent la variabilité de l’exercice (et par la même occasion, maintiennent le rapports entre la perception et l’action afin d’augmenter les chances de transposition à la situation de match).8,13,16,58 Avec les joueurs moins expérimentés, l’entraîneur peut prendre la place du défenseur et se tenir dans la raquette afin d’apporter un stimulus « figé » que les joueurs doivent éviter.7,11,47

L’utilisation d’environnements variables lors des matchs d’entraînement peut s’avérer une stratégie utile qui favorise le développement de la créativité.16,43 Une augmentation de la variabilité peut encourager les joueurs à trouver davantage d’options de prise de décision, ce qui favorise davantage de solutions créatives.59

Des études démontrent que bien qu’une approche variable peut engendrer une réduction des gains de performance sur le court terme, des bénéfices au niveau de l’apprentissage sont probables sur le long terme.57,60,61 En revanche, des exercices d’entraînement à faible variabilité, notamment des exercices dans le cadre desquels les joueurs ne font que répéter sans cesse la même formule avec des modifications minimes (couramment désigné comme « pratique en bloc »), peuvent initialement aboutir à des meilleurs gains de performance, mais sur le long terme, auront moins tendance à fournir des avantages transférables à des situations de match.1,57,60,61

Cependant, des exercices à faible variabilité peuvent tout de même faire figure de bon exercice d’entraînement62,63 (voir aussi7). Par exemple, un débutant qui s’essaie à une technique pour la première fois peut avoir besoin d’exercices d’entraînement plus prévisibles et plus stables afin d’en comprendre les bases sans être dépassé.7,47,57,62,64 Les gains initiaux résultants d’exercices à faible variabilité peuvent renforcer la confiance des joueurs et les encourager à continuer leurs efforts.12,65

Une fois qu’un certain degré de connaissance est atteint, le degré de variabilité peut être progressivement augmenté pour que le joueur bénéficie de l’accroissement de l’apprentissage généralement constaté avec de hauts niveaux d’entraînement variable.7,47,57,62,63

Le cadre « point de défi »

L’une des approches pouvant être utilisée pour guider l’élaboration et l’exécution des exercices d’entraînement est la mise en place du cadre de point de défi, décrit par Guadagnoli et Lee.47 Le principe sous-jacent de cette approche repose sur le fait de trouver un équilibre idéal entre deux facteurs : le niveau de compétence actuel du joueur et la difficulté relative de la tâche attribuée.47

La cadre suggère que l’apprentissage optimal est susceptible d’avoir lieu quand le degré de difficulté de la tâche correspond au niveau de compétence du joueur.47 Si une tâche est trop facile ou trop compliquée, elle sera moins bénéfique à l’apprentissage en comparaison avec une mission qui propose un équilibre optimal en

Les faits montrent qu’enseigner aux joueurs comment utiliser des techniques préétablies n’apporte pas forcément le meilleur résultat en termes d’acquisition d’habileté motrice.3,12,51,74-77

Le concept de point de défi fournit également un ensemble de recommandations pouvant être utilisées afin de définir le degré de variabilité approprié devant être utilisé lors des exercices pratiques47 (voir aussi7). Des faibles niveaux de variabilité peuvent suffire à un joueur encore débutant, alors qu’un joueur de niveau olympique ne sera mis en difficulté que par de hauts niveaux de variabilité.7,47

Cependant, si ce même joueur de niveau olympique souhaite modifier une technique ou acquérir une nouvelle compétence, le point de défi optimal peut alors être similaire à celui du débutant (p. ex. avec des niveaux de variabilité plutôt bas).7,47

Bien que ce concept semble plutôt intuitif, des études montrent que certains entraîneurs dédieraient plus de temps d’entraînement à des exercices étant moins susceptibles de profiter à une performance de match de compétition50 (voir aussi67). Ces informations sous-entendent qu’il serait conseillé aux entraîneurs d’évaluer d’un œil critique le contenu et la structure de leurs séances d’entraînement afin de définir si des principes tels que le point de défi pourraient être utilisés de façon plus appropriée.12

Une approche d’entraînement basée sur les restrictions

Une manipulation prudente des restrictions clés peut être une stratégie versatile à la disposition des entraîneurs s’ils veulent améliorer l’acquisition des compétences.43,46 Généralement, les restrictions sont les éléments qui montrent dans quel sens les modèles de coordination sont produits.3,68 Il existe trois types de contraintes :3,4,68

  • Le devoir (p. ex. les règles, les limites du terrain, l’équipement) ;
  • L’environnement (p. ex. la surface de jeu, les conditions météorologiques) ; et
  • Le joueur (p. ex. ses émotions, sa taille).3,4,68

Dans le cadre d’un entraînement de basketball, les restrictions de tâche sont sans doute les plus simples à manipuler4 afin d’encourager l’émergence d’un certain type de résultats dans un cadre d’entraînement.11,46,68 Par exemple, les études montrent que le simple fait de réduire le poids de la balle de basketball à 440 grammes peut considérablement augmenter le nombre de situations de un-contre-un lors d’un match de basketball junior.69

Varier une autre restriction de tâche, dans ce cas précis, le diamètre de l’anneau, s’est avéré avoir un impact sur la performance de tir.70,71 Quand le diamètre de l’anneau est réduit au cours d’une séance de lancers francs, sur un programme d’entraînement de 10 semaines, les études montrent que les joueurs faisaient preuve d’une amélioration au niveau de l’angle de relâchement de la balle et de la précision des tirs en comparaison avec un groupe qui s’entraîne en utilisant un anneau de taille normale.71

D’autres restrictions de tâches peuvent également être modifiées en manipulant les règles et les instructions en place pendant un match.48,58,72 Par exemple, afin d’encourager les joueurs à accorder plus d’attention aux possibles options de passe lors d’un exercice d’entraînement, une nouvelle règle empêchant les joueurs de dribbler peut être mise en place73 (voir aussi48). Cette simple modification d’une restriction de tâche clé peut avoir un certain nombre de résultats positifs, comme inciter les joueurs offensifs à plus de mouvements, augmenter le nombre d’écrans repoussés, aider à promouvoir un meilleur travail d’équipe et/ou réduire le recourt au dribble.46,73

De manière plus générale, un changement de règle peut encourager les joueurs à rechercher différents types de solutions offensives et défensives, ce qui les aidera à atteindre leurs objectifs de façon créative.7,16,59

Un encadrement qui tient compte des différences individuelles et des exigences de la compétition

Compte tenu des différences en terme d’attributs physiques et d’expériences précédentes présentes au sein d’une même équipe de basketball, il est logique que les joueurs apprennent des mouvements qui soient adaptés à leurs capacités.3,7,54,74 Certaines recherches suggèrent qu’enseigner à un joueur une technique préétablie n’apporte pas forcément les meilleurs résultats en terme d’acquisition d’habileté motrice.3,12,51,74-77

Cela ne signifie pas que l’entraîneur devrait éviter d’aider ses joueurs à trouver un schéma de coordination précis.4,9 Le rôle de l’entraîneur est de guider le débutant en apportant aux joueurs des occasions adaptées d’explorer une gamme variée de mouvements ; ainsi, le schéma de mouvement acquis leur sera optimal.3,7

Une des caractéristiques importantes de la plupart des techniques de basketball, sinon toutes, est qu’elles soutiennent une série de conditions différentes10. Une technique « parfaite » n’aura de valeur que si elle permet à un joueur de constamment atteindre le résultat souhaité parmi toutes les solutions potentielles auxquelles il pourrait faire face.3,54,78

Idéalement, une technique doit pouvoir faire face à des facteurs tels que des hauts niveaux de pressing défensif, une fatigue croissante, une anxiété accrue et la variabilité dans des scénarios de match.10 Pour anecdote, une des caractéristiques courantes qui peut être remarquée, pour ce qui est de la technique de tir des joueurs moins expérimentés, est la tendance à adopter une technique de tire plutôt lente (voir aussi8).

Dans un contexte de match, l’augmentation du temps nécessaire à effectuer un tir peut sérieusement réduire les options de tir d’un joueur. Bien qu’il se puisse, pour des raisons variées, que des techniques non désirées se développent, il est possible qu’une action de tir ralentie évolue, en conséquence d’un grand nombre d’exercices de tir pratiqués sans défenseur en face (voir8,50). C’est pourquoi il est primordial que les entraîneurs permettent aux joueurs de peaufiner leur technique dans des conditions de match, le cas échéant, afin que les compétences deviennent plus solides, en accord avec les exigences de la compétition.8,10,50

Retours formatifs, instructions, et démonstrations

Les informations, fournies par l’entraîneur, peuvent avoir une grande influence sur les performances.79-81 Si exercée proprement, cette influence peut être extrêmement bénéfique ; dans d’autres situations, la  moindre différence dans l’apport de ces informations peut potentiellement avoir un effet négatif.79-81

La section qui suit vise principalement à donner aux entraîneurs une large vue d’ensemble des points clés à prendre en considération pour ce qui est du retour formatif, des instructions et des démonstrations à donner lorsqu’ils entraînent des joueurs de basketball. 

Retours formatifs

Il est généralement sous-entendu que le retour formatif ne devrait être donné que s’il est susceptible d’être utile au joueur et s’il ne peut être transmis d’une autre façon.3 Dans des situations où l’entraîneur juge qu’un retour formatif est approprié, Magill et Anderson82 suggèrent qu’il est essentiel de s’assurer que ce retour formatif sera constructif pour le joueur (voir aussi1,3).

Cela signifie que, quel que soit le niveau de compétence des joueurs, les entraîneurs doivent décider si l’apport d’un retour formatif sera utile et aidera les joueurs à améliorer leur performance.82 Si les informations sont quelque peu superflus, il peut être préférable pour les entraîneurs de ne pas les partager du tout.3

Bien que cette affirmation soit relativement évidente, les entraîneurs auront sans aucun doute remarqué qu’à de nombreuses occasions, les commentaires faits aux joueurs sont soit totalement inutiles, soit transmis de manière telle qu’il était compliqué pour les joueurs de les comprendre.

Magill et Anderson82 sont d’avis qu’un autre critère à prendre en considération concernant le retour formatif est la quantité d’information transmise. Ils suggèrent qu’une seule information à la fois devrait être donnée afin de ne pas surcharger les joueurs avec trop de détails82 (voir aussi53,83). La question logique que doivent se poser les entraîneurs est comment isoler une seule information d’une multitude de commentaires qui peuvent être faits après un entraînement.1,82

 

Leur suggestion est que les entraîneurs doivent identifier puis prioriser les composants essentiels à la réalisation d’une technique et s’en servir comme fondement de son commentaire82,84 (voir aussi53,85).

 

Pour un exercice tel que le dribble, la liste des composants essentiels peut couvrir les éléments suivants :

  1. La balle est contrôlé lorsque le joueur se déplace à des vitesses différentes ;
  2. Le dribbleur arrive à éviter un défenseur ;
  3. La balle peut être contrôlé aussi bien des deux mains ;
  4. Le joueur garde les yeux levés lorsqu’il dribble ;
  5. La posture est équilibrée.

Lorsque le retour formatif est donné au joueur apprenant à dribbler la balle, l’information vise l’erreur associée à l’élément le plus haut placé sur la liste.82 Cela permet de s’assurer que le retour formatif est isolé en un seul composant de la performance et que le composant en question est l’aspect le plus important qui permette d’améliorer la réalisation générale de la technique82 (voir aussi86).

Pour ce qui est du contenu du retour formatif, les études montrent que donner au joueur des informations sur l’objectif à atteindre peut être davantage bénéfique pour son apprentissage plutôt que l’apport d’informations spécifiques concernant le schéma de mouvement de base requis pour effectuer cette technique3,76,77,87 (voir aussi82).

Ainsi, si l’entraîneur décide que les joueurs ont besoin de claquer leur poignet pour donner un effet coupé à la balle pendant une action de tir, il peut tout simplement leur demander de tirer de façon à ce que la balle tourne en arrière dans les airs (voir76). S’ils veulent atteindre cet objectif, les joueurs doivent s’essayer à différents schéma de mouvement, obtenant ainsi des informations précieuses sur le processus fondamental nécessaire pour donner à la balle cet effet coupé.7 Se concentrer sur un objectif permet au débutant de découvrir les ajustements nécessaires à apporter au processus requis pour mener à bien le schéma de coordination, sans pour autant être restreint par des informations spécifiques relatives à la façon d’accomplir ces changements.3,76

Un des enjeux primordiaux de l’usage de quelconque forme de retour formatif est le risque de dépendance88 (voir aussi1,89). Si les joueurs dépendent trop du retour formatif, il se peut que leur performance se dégrade une fois que ces remarques ne sont plus fournies88 (voir aussi1,89). Au basketball, un retour formatif excessif de la part des entraîneurs, aux entraînements comme aux matchs, peut conduire le joueur à dépendre d’informations qui ne sont pas toujours disponibles, au lieu de les encourager à apprendre comment extraire et utiliser leurs propres informations.12,50,88

Par exemple, les entraîneurs qui annoncent de manière systématique la structure offensive qu’ils souhaitent voir les joueurs mettre en place lors d’un match, peuvent créer une situation selon laquelle les joueurs auront tendance à se fier à la vision du match de l’entraîneur plutôt que d’apprendre à « lire » le match d’eux-mêmes.12,88

De la même façon, lorsque les joueurs s’entraînent à une technique en particulier, comme le tir, un retour formatif constant peut les rendre excessivement dépendants des conseils de l’entraîneur ; de ce fait, il leur sera difficile de perfectionner la technique sans une aide extérieure.1,12,88

Bien qu’il y ait des situations plus prédisposées que d’autres à la dépendance, il est évidemment essentiel que les entraîneurs prennent en considération la fréquence à laquelle ils donnent du retour formatif, afin de définir si, involontairement, ils empêchent les joueurs d’apprendre à s’auto-corriger.12,82,88,89

Les instructions doivent idéalement être formulées de façon à ce qu’elles expliquent le résultat désiré, plutôt que celui qui doit être évité (voir80,101).

essentiel que les entraîneurs prennent en considération la fréquence à laquelle ils donnent du retour formatif, afin de définir si, involontairement, ils empêchent les joueurs d’apprendre à s’auto-corriger.12,82,88,89

L’utilisation de la méthode de « retour formatif auto-sélectionné » permet de contourner cette dépendance : les joueurs choisissent eux-mêmes quand ils veulent avoir un retour formatif86,90 (pour d’autres stratégies, voir1,89).

Par exemple, l’entraîneur peut expliquer à l’équipe qu’un retour formatif ne sera donné qu’aux entraînements, si les joueurs émettent spécifiquement le souhait d’avoir des informations supplémentaires (notamment un retour formatif oral ou un retour formatif visuel avec un enregistrement vidéo).86 Cette stratégie ne va pas seulement aider à réduire la fréquence à laquelle ces informations sont fournies pendant une séance d’entraînement, diminuant ainsi le risque de dépendance, mais elle a également l’avantage de donner plus de responsabilités aux joueurs en les impliquant davantage dans le processus d’apprentissage et en leur donnant l’occasion de résoudre les problèmes86 (voir aussi12).

Cependant, si le joueur a besoin d’aide, l’entraîneur reste disponible pour l’aider à trouver des solutions adaptées86 (voir aussi12).

Poser des questions pour améliorer l’apprentissage

Utiliser des questions adaptées est une stratégie à mettre en place afin de motiver les joueurs à identifier, puis corriger, leurs propres erreurs, ce qui les empêchera de trop dépendre de l’entraîneur.12,73 Cette méthode peut également encourager l’apprentissage par la découverte et la résolution de problèmes.73,91 En demandant aux joueurs de répondre soigneusement à des questions structurées sur un événement ou une tâche en particulier, l’entraîneur crée l’opportunité pour les joueurs de résoudre des problèmes liés à la technique, en fonction de divers facteurs.92

L’entraîneur peut, par exemple, demander à un joueur d’expliquer brièvement pourquoi un défenseur a bloqué son tir ou pourquoi il a préféré passer à l’intérieur au lieu de changer la direction de la balle (voir73,91).

Poser des questions permet de prendre en considération la capacité et le niveau de compétence du joueur.7,47,93 Les joueurs, qui commencent tout juste à comprendre les principes de base de ce sport, auront besoin de questions différentes de celles posées aux joueurs plus experimentés.7,47 Des questions sur les principes de base du basketball peuvent être suffisantes aux débutants tandis qu’il faudra aux joueurs plus expérimentés des questions qui les font réfléchir au jeu plus en profondeur47 (voir aussi7,93).

Fournir un retour formatif avec l’aide de la technologie

La disponibilité grandissante de technologies comme la vidéo ou les instruments de mesure biomécanique, offre des possibilités uniques aux entraîneurs de fournir un retour formatif très détaillé à leurs joueurs.94 Il y a cependant des éléments à prendre en compte lors de l’utilisation de ce genre de retour formatif.95

Il est par exemple possible que la quantité d’information donnée par un visionnage vidéo soit si étendue que le joueur sera incapable de discerner les éléments essentiels présents à l’écran.95 Il est alors probable que les débutants profitent du soutien de l’entraîneur, qui dirigera leur attention sur les détails les plus pertinents afin qu’ils améliorent leur performance de la tâche en question.95-97

Les joueurs plus expérimentés auront une compréhension plus précise des compétences et tactiques de leur sport98 et bien qu’il soit probable que ces joueurs tirent encore profit d’un retour formatif, l’entraîneur n’aura pas besoin d’être aussi impliqué qu’avec les débutants.1,53,95

Instructions

Une grande partie des informations données par les entraîneurs est sous forme d’instruction.50,67,99

Cette partie du chapitre analyse le nombre de facteurs pouvant avoir un impact sur

l’utilisation optimale des instructions lorsque l’on entraîne des joueurs de basketball (pour les comptes-rendus, voir81,100,101).

Des études montrent que lorsqu’il est demandé à un individu de ne pas agir d’une certaine façon, il se peut que cet individu, dans un contexte donné, agisse de manière opposée de ce qui était exigé80,101 (voir aussi102).

Ainsi, un joueur de basketball à qui l’on demande d’éviter de passer la balle trop haut à un intérieur pendant un match, peut en réalité lui faire des passes trop hautes (see80,101). Cela démontre qu’idéalement, les instructions doivent être formulées de façon à expliquer le résultat désiré, plutôt que celui qui doit être évité (voir80,101). Dans l’exemple précèdent, une meilleure façon de formuler la consigne serait « passe au joueur de poste pour qu’il attrape facilement la balle » (voir80,101). Bien que la différence soit minime, elle peut conduire à un meilleur résultat (voir80,101).

Lorsque les instructions comportent des détails spécifiques concernant les types de décisions tactiques à prendre au cours d’un match, il se peut que les joueurs passent à côté d’autres informations potentiellement importantes79,103 (voir aussi104,105). Des recherches montrent en réalité que certains individus manquent souvent une opportunité flagrante de passer la balle à un coéquipier quand ils sont concentrés sur un point tactique en particulier, même si ce point en question a pour but d’aider le joueur à trouver des options de passe.79

Un exemple en basketball d’instructions tactique spécifique pourrait être de demander aux joueurs de « chercher à passer la balle au joueur qui revient d’un double écran » (voir79). Cela peut réduire le centre d’attention et conduire à des situations où les joueurs manquent de s’apercevoir d’autres options de passe.79 Utiliser des instructions tactiques trop spécifiques peut réduire l’effort de concentration du joueur, influençant sa capacité à capter les informations nécessaires pour qu’il analyse une gamme plus grande d’options adaptées.59,79

Les instructions qui étendent l’attention ont tendance à avoir l’effet inverse en aidant les joueurs à développer leur point d’attention.59,79 Un simple exemple serait de demander aux joueurs de « chercher des joueurs disponibles en attaque » (see79).

Il a également été prouvé que des instructions générales aident à améliorer la créativité du joueur.59 En donnant des instructions qui se basent principalement sur des éléments de prise de décision, les joueurs seront encouragés à vouloir découvrir une plus grande variété de solutions.59,79 Par exemple, demander aux joueurs d’utiliser des tactiques plus vastes, notamment « chercher des occasions de marquer au pourcentage élevé », peut créer davantage de solutions créatives que des consignes plus restreintes qui demandent aux joueurs de « s’approcher du périmètre de la ligne à 3 points et passer la balle à un intérieur ».59,79

Les instructions qui poussent les joueurs à se concentrer sur un élément extérieur à leur corps ou qui est associé au résultat ou aux effets d’un mouvement, ont en général tendance à être un avantage pour l’apprentissage moteur et la performance, en comparaison avec des instructions qui les poussent vers des éléments internes ou des mécanismes de mouvement sous-jacents.81,106

Au basketball, des instructions concentrées sur des éléments externes peuvent exiger des joueurs de porter leur attention sur l’anneau lorsqu’ils tirent107 ou d’observer la trajectoire de la balle lorsqu’il est dans les airs lors d’une passe (pour un exemple en golf, voir108). Une instruction focalisée sur les éléments internes peut par exemple exiger d’un joueur de se concentrer sur leurs poignets lorsqu’ils tirent au panier107, ou de se concentrer sur la position de leurs pieds lorsqu’ils défendent face au porteur de la balle (pour un exemple d’exercice d’équilibre, voir109).

De façon générale, les instructions encourageant les joueurs à se concentrer sur des éléments

externes à leur corps ont tendance à être plus bénéfiques que celles qui attirent l’attention sur les mouvements de leurs corps.81

Une des méthodes les plus simples permettant d’obtenir une vue externe au basketball est de donner aux joueurs des instructions qui accentuent le véritable objectif de la compétence81 (voir aussi76,110). Autrement dit, la consigne doit idéalement décrire aux joueurs le but à atteindre plutôt que le processus de réalisation de cet objectif81 (voir aussi111).

Par exemple, demander à un joueur de lancer la balle en courbe ascendante sera une meilleure approche que de donner des instructions qui mettront l’accent sur l’angle des coudes, la flexion des genoux ou les poignets.81,106,107

Apprentissage implicite et explicite

L’« apprentissage implicite » fait généralement référence aux situations dans lesquelles l’information est acquise sans même que la personne ne s’en rende compte ou ne soit capable d’exprimer quelle information vient d’être assimilée.112-118 À l’inverse, l’ « apprentissage explicite » fait référence aux situations dans lesquelles la personne est consciente d’avoir appris quelque chose et est capable d’expliquer l’information.113-119

L’apprentissage explicite implique souvent un apport graduel d’informations concernant la manœuvre privilégiée d’une tâche, par exemple donner à un joueur une série d’instructions détaillées sur la façon d’effectuer un lancer franc.120-123 Il a été démontré que les informations acquises implicitement offrent de nombreux avantages, notamment une meilleure exécution de la technique malgré la fatigue124 et une meilleure capacité de résistance de la technique lorsque le joueur traverse une période de stress pshychologique.125

En revanche, des études montrent que l’apprentissage explicite peut déranger le système moteur en encourageant les joueurs à volontairement contrôler leurs mouvements.116,117,119,126

Une des méthodes les plus simples à utiliser par un entraîneur de basketball pour favoriser l’apprentissage implicite est d’appliquer la stratégie d’apprentissage par analogie selon laquelle les consignes sont données sous forme d’une analogie simple, résumant de nombreuses informations techniques.117,120,121,125,127 Une des analogies fréquemment utilisées pour apprendre à tirer en basketball est de demander aux joueurs d’imaginer qu’ils essaient d’atteindre la boite à biscuits rangée tout en haut du placard120,121,128  Cette affirmation conduit à un schéma de mouvement approximatif qui aide les joueurs à comprendre comment le bras et la main qui lancent doivent être positionnés lors de l’exécution du tir120,121,128 (voir aussi125,127).

De manière importante, de telles affirmations rassemblent la plupart des informations importantes nécessaires à la réalisation de la technique sans pour autant que ce soit de façon extrêmement explicite et progressive.125,127

Démonstrations

Faire une démonstration peut améliorer l’acquisition de la technique de façon significative (pour les comptes-rendus dans ce domaine, voir77,111,129,130). Cependant, il existe des situations dans lesquelles une démonstration n’aura aucun avantage et pourra même, dans une certaine mesure, nuire à l’apprentissage.77,131,132

En général, les démonstrations peuvent être un avantage pour un joueur qui essaie d’apprendre une technique exigeant une forme particulière de structuration du mouvement, ou une série de mouvements12,77,111 (voir aussi1,132). Il se peut que la démonstration soit moins utile dans une situation où il est nécessaire d’avoir atteint un des objectifs pour pouvoir réaliser la manœuvre, sans qu’il y ait forcément besoin d’un type spécifique de schéma de mouvement (notamment, réussir à lancer la balle dans le panier)12,77,111 (voir aussi1,132).

Une démonstration peut également contraindre un débutant à imiter le schéma de mouvement réalisé par le démonstrateur.12,76,77,87,131 Ainsi, après avoir observé une démonstration d’une certaine technique de tir en basketball, il se peut que le joueur tente de reproduire exactement la  technique observée,

sans même essayer d’en trouver une qui sera plus adaptée à ses propres capacités de mouvement.7,12,76,77,87

Il a donc été suggéré que ces démonstrations doivent être alternées avec des périodes d’entraînement physique effectif pour que les débutants puissent consacrer du temps à la recherche de solutions et à tester plusieurs variations des mouvements présentés par le démonstrateur.87,130,133,134 Il a également été proposé que le nombre et la durée des démonstrations soient choisis par le débutant, visant à réduire le nombre total de démonstrations, qui s’estompera au fur et à mesure que l’apprentissage évolue135,136 (voir aussi130).

L’entraîneur peut utiliser une autre méthode qui encouragera le débutant à s’investir davantage dans la recherche de solutions : s’il attire l’attention de l’observant sur le but ultime de la manœuvre démontrée, la tendance à imiter au détail près la technique du démonstrateur sera réduite12,76 (voir aussi137).

Par exemple, lorsque les joueurs assistent à une démonstration de tirs, l’entraîneur peut souligner comment la balle tourne dans les airs au lieu de seulement se concentrer sur les mécanismes du mouvement.12,77,138,139 Le débutant aura alors plus tendance à se servir de la technique du démonstrateur comme modèle pour atteindre son objectif, qu’à simplement copier le procédé démontré.12,77

Finalement, s’apercevoir des variations dans les techniques présentées par un certain nombre de démonstrateurs peut encourager davantage le joueur à s’essayer à une multitude de différentes techniques plutôt que de se contenter d’un seul mouvement idéalisé qui ne lui sera pas forcément adapté12 (voir aussi131).